Quelle surprise de vous lire !
Le ton de notre blog vous parait excessif et décousu, certes, mais je ne comprends pas ces adjectifs pour qualifier un ton, qu’est ce qu’un ton excessif ?, qu’est ce qu’un ton décousu ?
Si ces qualificatifs s’adressent par contre à nos propos, vous avez peut-être raison Ils sont à l’image de ce que nous ressentons : désespoir, colère, sentiment d’injustice, derniers soubresauts de parents anéantis qui viennent d’apprendre que leur fils aurait peut être souffert.
Le ton de monsieur Derville est, dites vous, posé et respectueux, c’est précisément cette tonalité pondérée et emprunte de cynisme qui atteste du nécessaire détachement émotionnel au matraquage systématique de tous les protagonistes. Le grand spécialiste de serial killers, monsieur Stéphane Bourgoin a très bien analysé ce phénomène dans ses ouvrages. Par contre, à l’inverse, nous devons apparaitre agités, forcément, voir son enfant s’étouffer dans ses propres glaires, pendant huit ans et demi de coma végétatif, assister impuissants à sa cauchemardesque agonie, son « laisser crever », comme l’a déclaré monsieur le député Jean Leonetti, instigateur de la loi qui porte son nom, cela énerve ! Auriez-vous eu un ton apaisé si votre enfant était mort en six jours et six nuits sans aucune sédation, de nos jours, dans nos hôpitaux ? Vous auriez sans doute pardonné, et advienne ce que pourra pour les autres! Faut-il n’avoir vraiment rien à opposer, rien à dire, rien à écrire, pour s’attacher à un aspect aussi mineur de la forme d’un texte (le ton), au lieu de débattre du fond. Quel crédit vous accorder, Madame, vous qui jetez, par extension l’anathème sur l’entièreté de nos textes et, pêle-mêle, sur tous les commentateurs de notre blog ?
Je suis croyante, convaincue d’une vie après la vie, mais vous avez vu juste je n’ai connaissance d’aucune religion ou dieu n’est qu’amour. Je considère que les religions et les sectes sont faites par les hommes, pour les hommes. Elles ont surtout servi à nous entredéchirer, à nous asservir. Ma foi en Dieu, je l’éprouve dans ma chair, dans mon âme. Elle me donne la force de vivre. Je suis par nature réfractaire à tout dogme, mot, dont la seule définition me fait frémir. Croyance, opinion, ou principe donnés comme intangibles et imposés comme vérité indiscutable. Je vous remercie d’avoir compris que je me démarquais de ce « prêt à penser », « prêt à croire », « prêt à avilir ». S'approcher de Dieu est à mon sens faire un travail d’introspection et de méditation. Par ailleurs, je ne sais pas si Dieu est catholique, juif, musulman, bouddhiste, ou autre… Votre sous-entendu, induirait-il que les gnostiques et les athées ne seraient pas dignes de respect ou d’intérêt ?
Inconditionnelle de la démocratie et de la laïcité, le seul souhait exprimé et réitéré, comme un leitmotiv dans notre blog est celui d’un référendum, d’une consultation des français qui voteraient, en conscience, et en connaissance éclairée. Vous avez encore raison, débattre n’est pas mon objectif majeur, mes vœux dépassent largement le cadre de ma petite personne.
Quelle opinion du législateur faut-t il avoir pour imaginer qu’il truciderait les personnes âgées, nos chers parents, et nous très bientôt. Cette suspicion, cette disposition d’esprit condamne à l’immobilisme dans tous les domaines.
La vie est précieuse, certes, mais encore faudrait-il s’entendre, en préambule, sur une définition de la vie qui ferait consensus. La vie n’est-elle que biologique ? Il y aurait tant à dire ! Je vous soumets l’édifiante citation du professeur Puybasset spécialiste des EVC à ces égards, l’état végétatif est le cas le plus extrême des situations inextricables créées par la médecine. L’épouvantable revers de la réanimation moderne, qui n’est jamais un état naturel. Ce n’est pas par hasard, si plusieurs affaires médiatiques qui nourrissent la demande d’une aide active à mourir, concernent des personnes végétatives, comme Hervé Pierra en France ou Terri Shiavo aux Etats-Unis.
Nous sommes discrédités, pensez-vous, je respecte votre point de vue, mais sachez, qu’un grand crédit a été accordé à notre combat, dans les milieux médicaux. Suite à notre drame, un ajout a été apporté à l’article 37 du code de déontologie médical, figurant désormais dans le code de santé publique. Il stipule que lorsque la souffrance du patient ne peut être évaluée, du fait de son état cérébral, le médecin a recours aux traitements antalgiques et sédatifs permettant d’assurer la dignité de la fin de vie du patient. Je me dis que cela vaut bien de supporter les flèches acerbes de monsieur Derville ou de ses groupies.
Je ne sais pas si tous les philosophes étaient catholiques, je ne sais pas si Platon l’était, mais, comme Socrate, il approuvait certaines formes d’euthanasie dans des cas particuliers (source compil histoire).
Par le passé, l’euthanasie a été admise dans de nombreuses sociétés. Dans la Grèce et la Rome antique il était permis dans certaines circonstances d’aider un individu à mourir. Le philosophe anglais Francis Bacon qui créa le terme euthanasie n’hésitait pas à se faire le champion de l’adoucissement agonique, il souhaitait que l’on procure au malade, lorsqu’il n y a plus d’espérances, une mort douce et paisible. Le philosophe Michel Onfray est parrain de l’ADMD.
Les religions, protestante et bouddhiste, estiment comme toutes les autres que la vie est précieuse et que l’ humain doit être au centre de toutes les préoccupations, c’est à ce titre qu’ils sont contre l’acharnement thérapeutique et pour abréger des souffrances inutiles, en phase terminale de maladies incurables, à la seule demande réitérée du malade concerné.
Se référer à des époques aussi lointaines pour affirmer ou infirmer quoi que ce soit ou pour légitimer une quelconque posture sur des sujets sociétaux actuels relève de l imposture intellectuelle, d’un coupable anachronisme.
Visiblement, Madame, contrairement aux précédents commentateurs et à moi-même, vous devez quant à vous, avoir connaissance d’une religion ou dieu n’est qu’amour, et en être imprégnée. Cela transparait dans le ton compassionnel de votre message, dans vos déductions humbles et empathiques sur la perception de Dieu que moi-même et les autres commentateurs, nous pouvons avoir, ainsi que dans la charitable confiance que vous accordez à vos prochains.